Cette semaine ont eu lieu les examens de fin d’année de ma classe de double-cursus (anciens horaires aménagés mi-temps scolaire, mi-temps musique) au CRR de Paris.
J’ai cette année une très belle classe composée de quatre flûtistes et cinq violistes qui ont entre 12 et 18 ans.
Il y a au CRR deux examens par année pour tous les élèves, un contrôle en janvier et l’examen de fin d’année qui permet, selon le résultat, de passer dans le niveau supérieur.
Les élèves ont donc l’habitude d’être « évalués » mais cela provoque en eux, à chaque fois, beaucoup de stress.
La peur est contagieuse, il est vrai qu’au CRR de Paris le niveau est élevé, le travail à fournir est donc important. Mais, au-delà de cette exigence, qui n’est pas forcément négative, la concurrence est malheureusement présente, c’est souvent la course à qui jouera le plus vite, à qui aura la meilleure mention, et surtout les « félicitations du jury », à qui arrivera en cycle spécialisé avant les autres… Même si cela concerne surtout les instruments tels que le violon et le piano, cette ambiance atteint beaucoup mes élèves.
Et pourtant, il règne dans ma classe un vrai esprit d’équipe et de solidarité, et j’insiste pour que l’apprentissage de la musique, malgré l’engagement que cela représente, reste une pratique sensible et épanouissante.
Cette situation me préoccupe. Je vois à quel point des jeunes qui arrivent au CRR avec un vrai élan et de réelles capacités entrent rapidement dans ce système qui les rend inquiets, nerveux, fatigués, avec parfois des répercussions dans le corps.
Vendredi, lors de l’examen, mes élèves ont tous si bien joué que les trois membres du jury étaient impressionnés par une telle qualité. Oui, la musique que ces jeunes nous ont offerte était bien plus qu’une performance, elle n’était certes pas parfaite techniquement, mais si belle et sincère que son chant s’élevait bien au-delà, rayonnant un peu de paix dans le monde.
Je souhaite que mes élèves puissent sentir cette force invisible dans chaque acte musical (même un examen de fin d’année) afin de pouvoir voir plus loin, plus haut que la peur !