« La voie est dans la vigilance – une vigilance de tout notre être, vibrante. Nos sens sont le plus souvent devenus des tentacules qui tentent de tirer le monde à eux pour le posséder. Il est temps qu’ils redeviennent des antennes, les antennes du vivant et que notre corps entier s’ennoblisse. »
Christiane Singer

Au moment où j’écris ces lignes – dimanche matin très tôt – le silence est tel qu’il en devient dense, consistant, presque palpable.
J’aurais aimé dormir plus longtemps. J’aurais pu me lever d’humeur chagrine, me faire un café, nourrir Lumière, m’asseoir dans mon fauteuil, écrire, oui même écrire, sans prêter attention à ce que je fais. Mais ce matin j’ai choisi une autre façon d’être.
Quelle joie de ne pas devoir mettre des pulls et des chaussettes, de me vêtir comme un esquimau au saut du lit parce que mon appartement est glacé. J’enfile une robe voile et je marche pieds nus sur le parquet tiède.
A partir de là ma vie matinale prend une autre orientation. Oui, le parfum du café et le goût du sablé qui l’accompagne, oui la caresse de l’air sur ma peau nue, oui le ciel bleu foncé dans lequel volent déjà les hirondelles et les murs de l’immeuble d’en face éclaboussés de soleil ; tout devient fête pour les sens.
Et puis il y a cette orchidée qui arrive à la fin de sa floraison. Je me lève de mon fauteuil pour aller enlever les fleurs fanées et, au moment où je m’apprête à les jeter, je les regarde, je les vois ! Mais qui a dit que les fleurs fanées n’étaient pas belles ?
« Ouvrir les yeux, sortir de l’anesthésie féroce de nos cœurs ! Nous laisser attendrir, toucher par la gratitude d’être vivants ! Non pas des voyeurs, des (télé)spectateurs consentants de la destruction du monde, mais des témoins de la merveille du monde créé ! »
Christiane Singer